«Du jamais-vu». Au ministère de l'Intérieur, les chiffres attestent de l'extraordinaire enthousiasme des Français pour des métiers qui faisaient naguère figure d'épouvantails pour une frange de la jeunesse: les forces de l'ordre. Selon un dernier bilan, le concours exceptionnel organisé à partir du 10 mars prochain pour recruter 2 801 gardiens de la paix a recensé un nombre record de 35.464 candidatures entre la fin décembre et la fin janvier. Soit une augmentation de 50 % des vocations par rapport au concours de septembre 2014 -l'ultime avant les attaques terroristes- qui avait déjà enregistré pas moins de 23.410 prétendants. Le nouveau cru de gardiens présentera donc un taux de sélectivité d'environ 8%, équivalent aux concours d'officiers ou de commissaires. Ou encore à celui de Sciences Po...
Cette tendance s'est accentuée au lendemain des raids kamikazes qui ont endeuillé Paris et Saint-Denis. Sur Internet, le site du ministère de l'Intérieur présente des signes qui ne trompent guère: depuis novembre, le compte Twitter de la police a doublé sa fréquentation tandis que son compte Facebook a bondi de 40 %.
Pour Jean-Marc Berlière, professeur émérite d'histoire contemporaine et spécialiste de l'histoire des polices en France, «nous sommes face à un inédit phénomène d'héroïsation, un peu à la manière des pompiers de New York après le 11 septembre 2001. Ce qui était inconcevable en France à l'époque est devenu réalité». Il rappelle que «la seule fois où la population a crié «Vive les flics», ce qui est peu banal, remonte aux 24 et 25 août 1944, lorsque les gardiens de la paix à l'origine de l'insurrection contre l'occupant nazi ont défilé de façon informelle dans les rues de Paris».