La Loire s'écoule sereine, dans la froidure matinale. Lionel Rezé embarque sur sa plate motorisée. Il va relever son filet guideau, tendu derrière un bateau ancré au milieu du fleuve. Des anguilles se débattent. Splash. Elles sont immergées dans le vivier, installé dans la plate. « Ce sont des petites anguilles, elles seront plutôt consommées en friture. »
Retour sur la rive. Cheveux noirs et drus émergeant du bonnet rayé, Lionel, 39 ans, relève d'un geste précis le filet trémail attaché à la berge, pour prendre sandres et brochets.
Au volant de sa voiture, le pêcheur professionnel gagne le coeur de Montjean (Maine-et-Loire). Dans le bourg, des belles demeures se mirent dans le fleuve. Un pont suspendu se dessine dans la brume.
Filet relevé plusieurs fois la nuit
Dans le laboratoire où Lionel prépare les poissons, le téléphone carillonne en permanence en cette période de fêtes : « Je vous prépare cinq anguilles fumées », répond Lionel. En tout, cinq pêcheurs professionnels travaillent dans cette installation récente, gérée en coopérative.
Lionel s'attaque aux anguilles argentées : « Elles peuvent peser un kilo. On peut les pêcher du 1er octobre au 15 février. » Leur enveloppe visqueuse extérieure est enlevée. Elles sont éviscérées, plongées dans un bain d'eau, de sel et d'aromates, puis fumées et mises en filet. Avant d'être vendues auprès d'une clientèle locale de restaurants et de particuliers. « Mais la plus grande partie de la production est vendue vivante aux mareyeurs qui la commercialisent. »