Des pailleurs ? Il en faut ! Alors même que les chaises sont aujourd'hui produites en série, il reste deux cordes à l'art du pailleur : la remise en état des sièges qui ne tiennent plus la route, la restauration de ceux qui le méritent.
Mais, incontestablement, ce n'est plus ce que c'était. Henri Lenfant en sait quelque chose, lui qui fait ça depuis trente ans : « Il y a des photos de moi qui traînent depuis cette époque-là ! On a toujours fait que ça dans la France entière ! »
Autant dire qu'il est incollable et qu'avant de céder la place il a encore le temps de rendre bien des services : « La semaine, ce sont des gens de la campagne. Le samedi, ceux de la ville ! ».
Le plastique est alors arrivé. Il a pris une part importante dans l'ameublement courant, sans réussir toutefois à détrôner ces deux pratiques ancestrales. Elles sont simplement passées au rang de métier d'autrefois ou de haut de gamme, le paillage précédant le cannage, apparu aux alentours de 1900. Plus récent, plus chic, aussi.
« Avant, c'était un grand métier ! Songez ! Réaliser le paillage des chaises pour une chapelle ! Cela pouvait aller jusqu'à trente sièges d'un coup ! ». Pour les meubles d'usage courant, il faut tout de même songer que ce doit être bien fait pour que « l'on puisse s'asseoir dessus durant des années. Moi, je fais 100 kilos ! ».
Désormais, le fabricant a passé la main au restaurateur de meubles et au tapissier. C'est précisément le cas avec le fils d'Henri. « On vient avec sa table en marqueterie. Un monsieur nous a apporté une table qu'il avait ramenée du Maroc… »
Aussi, Henri ne craint-il pas le changement auquel son fils va être confronté. Pourquoi, d'ailleurs ? Sachez qu'il dispose d'un petit meuble de pharmacie période 1900 qui lui fut donné par une dame qui a voulu se faire incinérer, petit meuble qui est toujours là pour lui porter chance. N'allez pas le contrarier : il y croit dur comme… fer !