Bukola Asafa, une Nigériane de 30 ans, mère de deux enfants, est en train de coudre une doublure rouge pour une paire de mocassins gris faits sur mesure tandis que d'autres apprentis autour d'elle préparent des moules de chaussures en bois. "J'ai fait un master en gestion d'entreprise à l'Université de Liverpool" en Grande-Bretagne "puis j'ai ouvert ma propre entreprise fabriquant des sacs à main à Lagos. Je suis ici pour acquérir cette touche de +Made in Italy+ pour les chaussures. Le design sera le mien mais influencé par (la marque italienne, ndlr) Gucci", dit-elle. L'artisanat est en train de mourir en Italie à cause de tous les tracas administratifs. Faire des reçus même pour de toutes petites réparations... Certains cordonniers que je connais ne savaient même pas lire et écrire, alors vous vous imaginez ! Cela en a découragé plus d'un", raconte Angelo Imperatrice, 75 ans, maître-cordonnier qui enseigne la fabrication artisanale de chaussures à l'Académie Riaci. Malgré son âge, il transmet avec passion, à des élèves de plus en plus nombreux, les secrets du métier que lui a enseigné son oncle à partir de l'âge de 11 ans. La liste d'attente pour bénéficier de ses lumières est parfois d'une année ou deux. Une centaine d'étudiants au total ont participé à ses cours ces dix dernières années. Les Italiens continuent de se former surtout à travers le système d'apprentissage même si les candidats et les postes à pourvoir se raréfient. Ce sont donc principalement des étrangers qui viennent à l'Académie Riaci apprendre les ficelles du "made in Italy". Mais la possibilité d'apprendre le métier de cordonnier auprès d'un "maestro" de la vieille école a un prix: 5.100 euros le cours intensif de huit semaines. Mashizan Masjum, un Singapourien de 41 ans, jusqu'à présent documentariste pour la télévision rêve d'une reconversion au plus haut niveau: "Ma cible, ce sont les femmes actives, stylées, chic, élégantes. Ne serait-ce pas génial d'avoir une star qui porte mes chaussures, qu'on dise oh mais qu'est-ce qu'elle porte? et qu'on réponde Ce sont des Mashizans". "Dans notre classe, nous avons des gens du monde entier qui apprennent auprès du même maître italien: c'est la mondialisation sous son meilleur aspect. Il y a une crise mais chaque crise apporte des opportunités", estime M. Masjum.
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