Avec un besoin de 700 médecins généralistes d'ici à 2020, la Picardie s'active pour encourager les vocations : en ce mois de janvier 2015, l'Agence Régionale de Santé (ARS) et le rectorat d'Amiens lancent une filière d'excellence santé afin d'accompagner des lycéens avant et pendant leurs études de médecine. Avec l'espoir que cette promotion décidera de s'installer dans la région.

« C'est un peu le bordel, là-dedans », lâche Quentin, élève en terminale scientifique, devant le schéma des différents organites contenus dans une cellule animale. Mathieu César, professeur de SVT, ou sciences de la vie et de la Terre, sourit : « Non, c'est assez hautement organisé en fait. » Chapitre 6 : les organites cellulaires. Une échelle d'anatomie qu'ils n'auraient pas abordée sinon dans cette classe préparatoire qui doit les familiariser avec les études de médecine, à la fois dans le vocabulaire et dans les méthodes de travail.

« ON EST LÀ POUR EN BAVER »

« L'idée est de faire un cours sur lequel ils se baseront, explique Mathieu César. On va plus vite, même si je prends le temps de poser des questions. Parfois, je fais des cours magistraux, parfois je prends le temps de faire un schéma, pour leur montrer les différentes méthodes auxquelles ils pourront être confrontés l'an prochain. » Le jeune professeur a participé au lancement il y a un peu plus de trois ans de cette initiation à la médecine. Un projet pilote qui est étendu à cinq lycées de Picardie, dont 3 dans l'Aisne.

Les élèves volontaires bénéficieront d'une heure de cours supplémentaire par semaine en première et de deux heures en terminale. Un séminaire sera organisé pendant les vacances de Pâques ainsi qu'une visite à l'université de médecine d'Amiens.

« On est là pour en baver », explique Olympe, sans rire. Avec les sept autres volontaires, elle apprend à prendre des notes, se familiarise avec le QCM, contrôle de prédilection en médecine. « M. César nous prépare avec tous les petits pièges. » « On n'est pas découragés, même si on a parfois un peu de mal à suivre le rythme. On sait que ce n'est rien par rapport à ce qui nous attend », expliquent encore les volontaires.

PARI SUR L'AVENIR

6 filles et 2 garçons sont inscrits à ce programme. Leurs parents sont pompier, chef d'entreprise, secrétaire, responsable de site agricole ou instituteur, aucun parmi eux n'est familier du monde médical. Si ce n'est pour en connaître ses lacunes dans le département. « Dans un village à côté de chez moi, cela fait dix ans qu'ils cherchent un médecin », avance Léa. En cas de succès, resteront-ils dans leur région d'origine ? « Il y a de la place ici, autant qu'on en profite », affirme Olympe.