Avec mes frères et ma soeur, la mort n'a jamais été tabou. On était fier de notre père, qui exerçait déjà dans les pompes funèbres et y mettait tout son coeur. Enfant, on tournait autour des cercueils le mercredi après-midi.
Je crois n'avoir jamais connu de doute concernant mon métier, je suis fait pour ça. Je sais écouter les gens, c'est primordial. J'ai aussi appris à avoir du recul, ce qui est important : le deuil des autres n'est pas notre deuil. On peut terriblement souffrir sinon...
Déjà, on n'emploie plus ce mot ! On parle d'assistant funéraire, de conseiller funéraire, de maître de cérémonie... Tout cela constitue désormais notre métier.
À 21 ans, j'ai débuté comme thanatopracteur, à préparer les défunts. Vingt ans après, je me souviens des noms des personnes que j'ai préparées, les morts ne sont pas qu'un numéro pour moi. Pour ce métier en particulier, on se prépare mentalement : on travaille sur un corps et non sur une personne sinon, c'est impossible à gérer. C'est cela avoir du recul et se protéger.
Quand on est thanatopracteur et qu'on entend une famille nous dire que le défunt semble dormir, on se dit qu'on a bien fait notre boulot. Si vous entendez qu'il est bien maquillé, c'est que ça ne va pas !
Je dis toujours aux gens que je forme : nous ne sommes pas des commerciaux mais des commerçants. J'entends par là qu'on n'est pas là pour vendre à tout prix, mais qu'on doit écouter pour répondre au mieux aux attentes des gens. Ce qui est encore moins évident en raison de la douleur éprouvée par les proches.
On doit parfois gérer de la colère qui nous explose au visage, surtout dans le cas de décès inattendus, voire des problèmes de famille qui ressurgissent. Il m'est arrivé, une fois seulement, de devoir me transformer en service d'ordre avant de pouvoir fermer le cercueil.
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