À l’heure où l’intelligence artificielle (IA) transforme de nombreux secteurs, qu’en est‑il de l’enseignement ? Dans un article récent, Usbek & Rica donne la parole à trois enseignantes — une professeure de CE1, une de lettres modernes, une d’anglais — pour explorer comment l’IA s’immisce concrètement dans leurs pratiques.
Pour Maria, professeure de CE1, l’IA (comme ChatGPT) lui permet de générer rapidement des listes de verbes, des idées d’activités ludiques — énigmes, chansons, poésies — quand elle prépare un nouveau thème. Ce gain de temps lui laisse plus d’énergie pour se consacrer à ce qui lui semble essentiel : l’accompagnement des élèves, leur compréhension, leur motivation.
Cécile, professeure de lettres modernes, préfère rester fidèle aux manuels papier pour créer ses cours — par goût et par méthode — mais utilise l’IA pour aider ses élèves à s’auto‑corriger via des outils comme NotebookLM, Napkin, ou Écrivor. Elle les forme aussi pour qu’ils développent un usage critique, responsable, réfléchi de ces nouveaux outils.
Jeanne, professeure d’anglais, évoque la grammaire : créer des phrases d’exemple correctes est souvent long et répétitif. Elle recourt à l’IA pour générer des phrases ciblées, puis corrige et ajuste. Elle insiste néanmoins sur le fait que l’IA peut se tromper — ce qui l’oblige à rester vigilante — et qu’elle ne veut pas déléguer tout le travail, afin de préserver la fiabilité pédagogique.
Ces récits illustrent un phénomène concrètement observé dans l’éducation : l’IA n’est pas là pour remplacer les enseignants, mais pour automatiser des tâches lourdes et répétitives (préparation de supports, exercices, corrections simples...), et libérer du temps pour l’humain.
Des recherches récentes confirment les bénéfices : l’IA peut améliorer la qualité de l’enseignement, permettre des apprentissages plus personnalisés, proposer des retours adaptés à chaque élève. Mais pour qu’elle soit efficace et respectueuse, il faut veiller à garder « l’humain dans la boucle » — c’est‑à‑dire que ce soit l’enseignant qui décide, ajuste, valide.
Plutôt que de remplir un simple rôle de transmission de savoirs, l’enseignant devient un guide : il motive, repère les besoins, accompagne la progression, débat des idées, encourage la pensée critique. L’IA devient un assistant — un outil au service de la pédagogie, pas une béquille automatique.
➤ L’IA va-t-elle remplacer les profs ?
Non. L’IA peut automatiser certaines tâches, mais elle ne remplace pas la relation pédagogique, l’accompagnement humain, la pédagogie différenciée, l’empathie, la créativité. Elle demeure un outil dans les mains de l’enseignant.
➤ Tous les enseignants doivent-ils l’utiliser ?
Pas forcément — mais une formation est indispensable. Quand l’IA est bien intégrée, elle peut améliorer le quotidien sans compromettre la qualité. Quand elle est mal utilisée, elle peut introduire des erreurs, des biais, ou affaiblir l’autonomie des élèves.
➤ L’IA change-t-elle la façon d’évaluer les élèves ?
Oui. Les outils d’IA peuvent automatiser certaines corrections, proposer un retour instantané, identifier des erreurs récurrentes. Mais l’évaluation formative — suivre la progression, ajuster les contenus, discuter avec l’élève — reste du ressort de l’humain.
L’intégration de l’IA dans l’enseignement n’est ni une utopie glacée ni un danger imminent, mais une opportunité — si elle est utilisée avec discernement. Pour les enseignants, c’est l’occasion de se dégager des tâches les plus lourdes, de se concentrer sur ce qui compte vraiment : la transmission, l’écoute, l’accompagnement, l’éveil des esprits. L’IA peut rendre le métier plus vivant — plus humain, plus flexible, plus créatif. Mais c’est aux éducateurs de décider comment l’utiliser, de rester vigilants et de rester maîtres de leurs pratiques. Pour en savoir plus sur l'IA, consultez nos vidéos sur l'IA et sur le métier de professeur faites par des jeunes pour des jeunes.
(Inspiré de l’article “Les profs face à l’IA : « Ça rend notre métier vivant »”, Usbek & Rica, 8 décembre 2025 — source)