En cause, les réformes successives qui déstabilisent les étudiants...
Quarante-trois mille enseignants recrutés en 2013 et deux concours au CAPES(1) organisés la même année : du jamais vu de mémoire de prof ! L’objectif du ministre de l’Éducation nationale, Vincent Peillon est d’aller vite. Pour remplacer tous les départs à la retraite et tenir les promesses du candidat Hollande de renforcer l’École.
Sauf que ce projet de loi, présenté en conseil des ministres fin septembre, risque de se heurter à un écueil de taille : la crise de recrutement qui frappe le métier d’enseignant.
Être prof, surtout dans le secondaire, n’attire plus les jeunes. Selon le SNES, ce phénomène n’est pas nouveau. Il remonte à 2009, date de la « masteurisation » et l’obligation faite aux candidats de décrocher un master II (Bac + 5) avant de passer les concours.
Depuis, le nombre de candidatures au CAPES n’a cessé de chuter. De 38 249 inscrits en 2009, ils n’étaient plus que 21 000 l’année suivante à passer les écrits. En un an, près d’un étudiant sur deux s’est donc détourné du métier d’enseignant pour aller voir ailleurs.
Si, cette année le ministère de l’Éducation se « réjouit » d’une hausse de 10 % de candidatures – soit 5 000 inscrits de plus au CAPES et à l’agrégation – on est loin du compte, selon Richard Ghis, secrétaire académique du SNES. « Faute d’un nombre d’inscrits, l’an dernier 1 270 postes de profs de maths, lettres classiques et modernes, anglais, allemand, documentation ouverts au CAPES, sont retournés au ministère. » Sans admis pour les occuper.
« Déstabilisant » Professeur d’histoire à la faculté des Lettres et des sciences humaines à Nice, Xavier Huetz de Lemps mesure cette désaffection. « Quand je suis arrivé ici, en 1994, les cours de préparation au CAPES d’histoire se donnaient en amphi. Aujourd’hui, je fais cours dans une classe à 20 étudiants assidus. » Quant à la préparation de l’agreg’ d’histoire, elle se déroule en visioconférence sur trois campus (Montpellier, Aix et Nice) devant une quinzaine d’étudiants ! Pourquoi un tel changement ? « Depuis la masteurisation, le contenu des concours n’a pas arrêté de changer. Il a fallu faire et défaire les maquettes des cours pour intégrer les réformes successives. Nous-mêmes avons du mal à y voir clair. Imaginez alors les étudiants ! De quoi devenir schizophrène. »
Loin d’être hostiles au métier d’enseignant, les jeunes ont besoin d’être rassurés, de sentir qu’ils sont sur des rails menant vers l’emploi. « Comment voulez-vous les convaincre de passer un concours lorsqu’il ne cesse de changer ? C’est déstabilisant ! » Pas un hasard, si une fois leur licence en poche, beaucoup changent d’idée pour s’orienter vers les filières de guide interprète, patrimoine, école de journalisme, etc. Pour cet universitaire, la crise du recrutement se résoudra en fixant une bonne fois pour toutes les règles du jeu. Pour que les étudiants se présentant au concours y voient plus clair. Pour savoir sur quoi ils seront jugés, comment et par qui ils seront formés.
Mais avec le deuxième CAPES, ouvert exceptionnellement en juin 2013, on n’en prend pas le chemin...
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