Leur métier c'est la vie de châteaux

Dans le petit bureau où officie Xavier Robelin, gérant de l'agence Mercure Poitou-Charentes, et où son père Michel, fondateur de l'agence, continue de venir de temps à autres, deux magnifiques photos ornent les murs. Deux beaux châteaux. Celui de Curzay-sur-Vonne, le premier vendu par l'agence, quelques mois après sa création. Celui de Chabenet, dans l'Indre, vendu par Xavier Robelin à des Suisses après l'avoir fait visiter personnellement mais sans succès à Mickaël Jackson, puis à la chanteuse Cher.

L'aventure commence en 1993, quand Michel Robelin, propriétaire de plusieurs agences dans les Deux-Sèvres, décide de tout bazarder pour se lancer dans l'aventure hautement périlleuse de la vente de châteaux et belles demeures. A la même époque, un Toulousain est en train de mettre en place le réseau Mercure à l'échelle nationale, en s'appuyant sur une ribambelle de cousins. Michel Robelin prend le train en marche et obtient la licence exclusive de Mercure pour le Poitou-Charentes, la Vendée, une partie de la Haute-Vienne et de l'Indre

Aujourd'hui, Mercure est devenu une référence pour les propriétaires de châteaux, de manoirs, de terres agricoles ou de vignes (1) qui souhaitent s'en séparer et pour ceux qui aspirent à devenir à leur tour châtelains. Mais à l'époque, il en allait tout autrement. Il a fallu se faire une place au soleil.

Un château en Poitou n'est pas plus cher qu'un appart à Paris

Au fil des ans, les Robelin père et fils ouvrent des bureaux à Civray, à Montmorillon, recrutent des agents dans toute la région. En vingt ans, ils ont vendu au bas mot 250 châteaux, comme le Clos de la Ribaudière, le Birson à Marçay: « Il n'y a pas beaucoup de châteaux qui nous aient échappé », sourit Michel Robelin. « Mais il y en a qu'on a déjà vendu quatre fois! » renchérit Xavier, en citant l'exemple de Villiers, à Neuville-de-Poitou.
Les clients? De riches entrepreneurs, des artistes aussi, comme Yves Lecoq, désormais propriétaire en Charente. Et de plus en plus des étrangers pour qui posséder un château en France fait partie du standing. L'agence Mercure de Poitiers vient de conclure sa première affaire avec un Russe, pour une très grosse propriété au bord de la Gartempe.

Si la demande a tendance à un peu s'essouffler, la crise aidant, l'offre reste soutenue. Un héritage à partager entre plusieurs ayants droit, un héritier qui reçoit un château alors qu'il en a déjà un (si, si, ça arrive!) un riche Américain qui, après cinq ans passés à goûter les charmes de l'administration fiscale française, décide d'aller sous d'autres cieux vivre sa vie de milliardaire: ce sont autant d'occasions pour Mercure de se lancer dans la difficile quête d'un acheteur.
L'avantage du Poitou sur des régions plus cotées: on y achète un château pour le prix d'un bel appartement parisien, soit d'un à deux millions à tout casser. Une broutille.

(1) Sur Poitiers notamment, l'agence Mercure a également développé une activité classique de négociateur immobilier, tous biens confondus.