De fait, les entreprises qui ont porté ces activités de distribution durant deux décennies ont logiquement évolué avec leurs clients, qui ont eux-mêmes abandonné l'étiquette « revendeur informatique ».
Rien ne vaut un exemple pour résumer le bouleversement des activités des grossistes informatiques. Leur métier de base a été depuis les années 90 d'être les intermédiaires entre les constructeurs engagés dans la vente indirecte et les revendeurs informatiques. Or, que constate-t-on aujourd'hui ? On voit l'un des grands revendeurs informatiques français, Quadria, publier un communiqué dans lequel le mot « revendeur » n'est jamais utilisé (le groupe utilise désormais l'appellation « cloud services provider ») et qui vante le partenariat entre Quadria et le champion de la vente directe, Dell.
Concrètement, cela signifie que les grossistes doivent passer du statut de répartiteur travaillant avec des boutiques informatiques à celui de fournisseur de cloud services provider (CSP). Evidemment, les deux activités sont très éloignées l'une de l'autre, font appel à des infrastructures logistiques et des équipes différentes. De fait, le passage de l'une à l'autre demande des investissements lourds, notamment pour racheter d'autres grossistes ou pour créer ses propres datacenters. C'est ce qui s'est passé en 2012 et qui continue de se passer.
Les grossistes informatiques sont donc en train de « changer de roue en roulant ». Ce n'est évidemment pas un exercice confortable et ce n'est pas leur sujet de conversation préféré avec la presse.
Concrètement, le grossiste américain n'a pas attendu 2012 pour prendre de nouvelles orientations : d'une part, optimiser l'utilisation d'un outil logistique développé à l'échelle mondiale ; d'autre part, enrichir le catalogue avec des offres orientées « cloud computing », et enfin, gérer au mieux la décroissance inéluctable de l'activité de box moving dans la micro-informatique. Tout ce qu'a fait Tech Data en 2012 en France relève de ces trois priorités.
En ce qui concerne le déclin de ses activités traditionnelles, Tech Data a dû communiquer sur l'évidence à partir du printemps 2012, lorsqu'il a été contraint de s'expliquer sur la baisse de son chiffre d'affaires : - 7% par rapport à 2011. Ce n'était pas le fruit d'une erreur stratégique de Tech Data mais l'illustration d'une tendance lourde qui s'est également manifestée par des baisses des chiffres d'affaires chez Ingram Micro, Arrow ou Avnet. Un premier constat s'imposait dès le début de l'année 2012 : la baisse du chiffre d'affaires concerne un métier et non une entreprise.