« D'accord pour un article dans le journal, mais à condition qu'on parle surtout du métier. » Parmi les cinq Bas-Normands ayant disputé fin octobre la finale régionale des Olympiades catégorie « taille de pierre », Johnny Dubosq, 20 ans, est le seul à avoir gagné son ticket pour la finale nationale. Pas de quoi lui monter à la tête. Fils de maçon, il sait plus que quiconque que c'est au pied du mur... qu'on juge un bon ouvrier.
« J'ai toujours été attiré par le bâtiment mais c'est en troisième, lors d'un forum des métiers dans mon collège de Saint-Clair-sur-Elle, que j'ai décidé de devenir tailleur de pierre. » A l'époque, le conseil d'orientation lui suggère une seconde professionnelle. Il refuse. Ce sera un CAP tailleur de pierre au lycée de la Roquelle à Coutances, plus une année complémentaire en « gravure sur pierre », avant le Brevet professionnel qu'il terminera en octobre, sûrement diplômé.
La pierre tombale renaît
Son maître d'apprentissage a eu le temps de le jauger. « Johnny est passionné bien sûr, ça vaut mieux, mais il est aussi rigoureux, minutieux, méthodique, apprécie Grégory Baloche. Cet artisan installé depuis onze ans au Molay-Littry en est à son sixième apprenti. « Tous ont suivi après leur bonhomme de chemin : un travaille aujourd'hui en Suisse, un autre enseigne au Centre de formation des apprentis (CFA) de Louvigné-du-Désert en Ille-et-Vilaine. » C'est là que Johnny acquiert la théorie d'un métier « où l'on apprend toute sa vie », assure l'artisan patron. Tout le reste, le coup de main, le métier qui rentre dans la peau, c'est dans l'atelier et auprès des clients de son patron que Johnny l'apprend.
Depuis plus de quatre ans qu'il travaille la pierre, celle de Caen surtout mais pas seulement, le jeune Manchois est quasiment autonome. « Je lui ai confié la réalisation d'une pierre tombale, une réplique d'une pierre très abîmée qu'un client veut remplacer sur la tombe de son ancêtre », explique Grégory Baloche. Un chantier passionnant : « On a retrouvé des dessins identiques sur une autre tombe du cimetière. »
Un tombeau tout neuf est en train de voir le jour dans l'atelier. « C'est Johnny qui s'en occupe, sous mon contrôle bien sûr mais il aura vécu toutes les étapes de cette commande. » Le regard du jeune candidat aux Olympiades s'éclaire : « Ce que j'aime, c'est le contact avec le client, la diversité des ouvrages (cheminée, fontaine, table de jardin, blason, colonne...), ce métier n'est jamais monotone... » Chez les tailleurs de pierre, la relève est assurée.