"Consultante et formatrice dans le secteur social et associatif", un intitulé qui peut paraître très formel et loin des réalités du terrain. Tout l’inverse du métier de Sylvie Duvergé qui intervient au sein de petites associations.
Elle travaille dans des structures constituées en grande partie de bénévoles qui ne disposent pas de toutes les compétences en interne. Forte de 30 ans d'expérience dans le monde associatif, elle a décidé de se reconvertir dans le conseil.
L'association Aima, située dans les Pyrénées-Atlantiques, a rencontré à l'hiver 2012 plusieurs difficultés. Il lui fallait consolider un poste salarié et trouver d'urgence de nouveaux locaux. Des enjeux face auxquels les bénévoles de l'association se sont sentis dépassés. C'est à ce moment là qu'ils ont fait appel à Sophie Duvergé.
Le rôle d'un consultant consiste alors à dresser un état des lieux des besoins et des moyens de l'association. Il peut aussi être amené à travailler à partir d'un diagnostic dressé en interne ou par le Dispositif local d’accompagnement (DLA).
Ensuite, s'engage un dialogue avec le personnel de l’association. "Il faut se proposer et non pas s’imposer", explique Sophie Duvergé.
L'idée est d'apporter un regard neuf susceptible de débloquer une situation. Mais également de fournir des compétences, des ressources et un réseau.
Les tâches sont multiples, de la conception à la création du projet associatif à la recherche de partenariats et de subventions. "J’apporte une énergie supplémentaire dans des groupes de bénévoles, parfois usés par l’ampleur de la tâche.
Mais, souvent les solutions émanent des bénévoles eux-mêmes", poursuit-elle.
Sylvie a occupé différents postes dans des associations. La reconversion en tant que consultante indépendante n'est pas dénuée de risques.
En effet, la situation professionnelle de Sylvie est toujours incertaine parfois même "précaire". Elle ne sait pas toujours de quoi le lendemain sera fait.
Même si elle se réjouit que "chaque mission soit chaque fois un nouveau challenge". Les compétences indispensables "Être consultant, c’est devoir intégrer une équipe déjà formée", une démarche parfois délicate.
Il s'agit également de travailler avec des profils différents, des bénévoles et des salariés. C’est pourquoi il est important d’être à l’écoute et faire preuve d'une certaine souplesse pour s’adapter à des situations diverses.
Il faut être capable de faire du forcing dans certains cas: "c'est indispensable dans tous les métiers du secteur, car il faut sans cesse convaincre, notamment pour les financements."
Il faut se doter de multiples compétences, entre la compatibilité, le management et la conduite de projet.
Enfin, il est important de "connaître ses propres limites afin que notre intervention soit bénéfique".
Il n’y a pas de formation à proprement parler pour devenir consultant en vie associative. Sylvie s’appuie sur sa connaissance des rouages du secteur. "Faire du terrain est indispensable, cela permet d’éprouver la réalité et donc les difficultés du secteur". S
Sylvie met en garde contre les expériences à l'étranger "très enrichissantes", mais qui ne forment pas forcément à la complexité du système français. Malgré tout, une formation en ingénierie de projet peut être une bonne base pour maîtriser le fonctionnement d’une structure.
Le statut d'un consultant pour petites associations est variable et il n'est pas facile d'en vivre. Sylvie a ainsi plusieurs casquettes.
Elle occupe un poste à mi-temps d'éducatrice, ce qui lui assure un petit revenu. Poste auquel elle greffe ses activités de consultante. Elle peut travailler de façon indépendante, ce qui offre une forme de flexibilité.
Mais cette situation peut être précaire, avec des rémunérations variables. À cela s'ajoute le temps passé à démarcher. Pour trouver des missions, il faut dénicher des annonces, répondre à des appels à projet en constituant un dossier solide.
Tout cela prend du temps. "Je ne sais jamais combien de consultants ont candidaté, ni quelles sont mes chances de décrocher la mission", précise Sylvie.
Conséquence, un statut d'auto-entrepreneur fragile.
L’autre option pour Sylvie est d'être embauchée en contrat à durée déterminée auprès du commanditaire institutionnel, ou d'un autre organisme.
Les salaires ne sont pas mirobolants, autour de 1500 euros par mois. L'idéal serait de trouver un poste permanent "mais, avec la crise ils sont difficiles à dénicher!", témoigne-t-elle. "C'est avant tout un métier de conviction. La meilleure rémunération? C'est se sentir utile", conclut Sylvie.
Lire l'article complet sur le site de l'auteur