A Nantes, les tests alimentaires sous les formes les plus diverses représentent 80 % de l'activité du site d'Eurofins. Car juste à côté des locaux ou sont analysés chaque jour des milliers d'échantillons de gâteaux, poissons, et autres jus de fruits, pour les industriels de l'agroalimentaire et la grande distribution, un autre bâtiment plus discret, fermé aux visiteurs, renferme un laboratoire d'empreintes génétiques humaines, travaillant pour les services de justice ou de police française. Mais c'est purement par hasard si l'entreprise jouxte la maison d'arrêt de Nantes...
C'est ici notamment qu'aurait été envoyé voici quelques semaines un « échantillon organique » en provenance d'Afrique, permettant d'identifier sans ambiguïté le cadavre d'Abou Zeid, l'un des chefs d'Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI). Une fois réalisé le travail scientifique en matière d'ADN, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) a officiellement informé l'Elysée, qui a pu alors confirmer la mort du chef terroriste.
Avant cela, le même laboratoire a travaillé en 2011 sur l'identification des 104 corps du vol Rio-Paris d'Air France, à partir des muscles et des os remontés à la surface après un long séjour au fond de l'Atlantique. Malgré ces conditions difficiles, l'analyse a été possible en comparant l'ADN des victimes avec les empreintes génétiques de leur famille. Autre dossier récent, le travail de recherche sur des empreintes de terroristes basques. Pas besoin pour les blouses blanches de disposer d'un grand bout de corps humain : l'ADN, nettement plus cher mais plus fiable que la recherche des empreintes digitales, peut fonctionner avec un simple cheveu, ou un échantillon de salive, explique un responsable d'Eurofins.
Pour les aliments, la méthode la plus fréquente pour déterminer catégoriquement une espèce (par exemple du cheval) est désormais l'ADN, mais d'autres techniques existent, comme celle basée sur la recherche de protéines. Méthode moins onéreuse, mais plus aléatoire car les protéines se dégradent plus rapidement, selon François Vigneau, le directeur général Europe du sud de la branche alimentaire d'Eurofins.